Le nouvel album de Black Sea Dahu s’intitule I am My Mother et paraît ce 25 Février. Deuxième bonne nouvelle, c’est une merveille.
Janine Cathrein, au sommet de son art.

Je vais pour une fois écrire à la première personne. Vous avouer tout simplement que je suis passé à côté de Black Sea Dahu à l’époque de White Creatures, leur précédent album. C’était il y a quatre ans. Je n’ai jamais entendu parler de Janine Cathrein avant de recevoir un extrait de ce nouvel album, I am my Mother. Et j’ai pris une claque. « Ce fut comme une apparition » écrivait Flaubert dans l’éducation sentimentale. Les érudits et les autres auront bien lu que je ne me compare pas à Gustave mais J’ai bien envie de vous écrire « ce fut comme une révélation » au sujet de Janine Cathrein. Quel talent, les amis! quelle voix, quelle poésie! Accompagnée de musiciens talentueux parmi lesquels son frère et sa soeur, elle nous propose de la suivre dans un univers musical sans cloisonnement, ou tout est liberté et beauté.
Ce n’était pas forcément le cas sur le précédent album, White Creatures, plus orienté vers le Folk et des mélodies plus évidentes. Janine Cathrein a fait évoluer son chant vers des contrées enchanteresses que maîtrisaient Nina Simone ou Jeff Buckley. Deux esthètes à la voix parfois androgyne. C’est également la particularité de Janine qui la rend singulière. On baigne tout au long d’I am my Mother dans un océan de sensibilités. Pas ressenti depuis longtemps.
I am my Mother, état de grâce.
Glue, le titre introductif d’I am my Mother est le plus court de l’album. Démarre sur un tempo lent et d’entrée nous saisit par la puissance vocale de Janine Cathrein. Joan as Police Woman aurait pu chanter cela. Human Kind, plus construit dans la forme relève le rythme après un break atmosphérique. Mais on arrive déjà à l’un des sommets de cet album, 1+1=4.
« Dans mon monde, 1+1=2 n’existe pas ! Ce n’est pas aussi simple que cela. Les choses ne s’additionnent pas, et j’essaie de l’expliquer avec ma musique».
Enigmatique, tout cela. Mais l’intro piano voix nous démontre que Janine Cathrein est une solide interprète et maîtrise déjà son sujet dans plusieurs registres.
Transcience, le plus long titre de l’album démarre guitare voix avant de terminer en ballade de haute altitude que n’aurait pas renié Alt-J. Make the Seasons Change, titre suivant se veut plus énergique, preuve de l’éclectisme du groupe qui ne s’enferme pas dans une lenteur qui pourrait leur nuire. De bons solos de guitare, du rythme, pas juste une parenthèse. Le vaporeux Affection prend son temps pour nous séduire et affiche une esthétique musicale audacieuse faite de nuances et de légers changements de rythme. Une structure originale qui permet de passer d’un classique au piano à une pop douce et apaisée. Le dernier titre de l’album I am my Mother conclut avec une magnifique mélodie un album qui ne l’est pas moins.
Black Sea Dahu, originalité et maîtrise.
Sept titres, ça fait court mais ça évite les temps morts. Le groupe suisse Black Sea Dahu réussit avec I am my Mother un exercice parfait d’originalité et de maîtrise à tous niveaux. Et Janine Cathrein se révèle être une interprète de premier plan. « Les jours de repos, je m’asseyais au piano et je jouais. Dès que j’arrêtais de presser les touches du piano,
je pleurais ! » Mais nous aussi nous pleurons quand tu t’arrêtes! alors surtout, continue, Janine. Plus que jamais, le monde a besoin de ta sensibilité et de ton talent pour pouvoir rêver, rêvasser, s’évader le temps de quelques chansons, les tiennes.
Black Sea Dahu – I am my Mother – Ephelide – Mouthwatering Records
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