Le trio de Leeds Alt-J est de retour avec un quatrième album, cinq ans après Relaxer. Une longue attente qui permet de se replonger pleinement dans un univers singulier.
Alt-J, musique insaisissable
A chaque écoute d’un nouvel album d’Alt-J, on se dit qu’on préférait le précédent. Puis, le temps faisant son affaire, l’addiction nous envahit et finalement, on se prend à aimer le petit dernier autant que les autres. C’est une des grandes qualités d’Alt-J: rendre un album indispensable à première écoute inaccessible. Ils partagent d’ailleurs cette particularité avec leurs illustres confrères de Radiohead.
Alors, oui, le dernier album The Dream connaîtra peut-être son lot de critiques négatives mais par un jugement trop rapide. Après tout, An Awesome Wave est considéré comme un ovni à sa sortie en 2011. Cette voix singulière, ces happenings, ces compositions de poche… . Ce qui n’empêchera pas le quatuor à l’époque de remporter le prestigieux Mercury Prize. Haut la main. Et, depuis leur début, les suffrages sont unanimes, le public surtout. Des tas de followers, des tournées pleines comme un œuf. Malgré ses bizarreries sonores, Alt-J est populaire.
The Dream, en apesanteur.
Chez Alt-J, le temps suspendu a son importance autant que l’expérimental. Le silence, le calme, l’apaisement sont des données qui rentrent à part entière dans la construction d’un morceau. C’est tout d’abord ce qui frappe ici. Pas de successeur aux hymnes pop que sont devenus In Cold Blood ou encore Fitzpleasure. Seuls Hard Drive Gold et Chicago augmentent le tempo mais ne font pas partie des meilleures compositions de cet album. Il faut plutôt chercher du côté des longues plages.
Les lenteurs et les apaisements sont clairement mis en avant pour apporter plus de puissance et de profondeur aux compositions. Ainsi, le grandiose Walk a Mile, démarre par un genre de Gospel avant de nous embarquer pour une croisière de 6mn30s. Juste après, Delta nous refait le coups des happenings d’An Awesome wave a cappella.
The Dream, le pouvoir des chœurs et du coeur
Les chœurs, c’est une autre facette attractive de The Dream. Les trois premiers titres de l’album, Bane, les single U & Me et Hard Drive Gold bénéficient carrément de l’appui de l’Highgate School Choir pour accroître le pouvoir de leur mélodie. Un orchestre à cordes vient également ajouter de l’épaisseur et de l’émotion à Happier When you’re Gone entre autres. Y en avait-t’il vraiment besoin? la question se pose.
La voix de Joe Newman se fait par moment tellement confidente qu’on n’a besoin que de lui et de sa guitare sèche pour succomber. Get Better nous saisit littéralement aux tripes et raconte la perte d’un être cher. De l’espoir jusqu’au souvenir. Bouleversant. C’est ce qui surnage: l’émotion et la proximité. Le monde d’Alt-J est parsemé d’énigmes mais leur écriture touche en fait le quotidien de millions de gens. C’est peut-être pour ça aussi que l’on est aussi nombreux à les suivre.
The Dream est un album qui demandera du temps pour être totalement absorbé. Des gimmicks par ci, des petits trucs par là… Gus Unger-Hamilton, Joe Newman et Thom Sonny Green maîtrisent leur sujet, gardent leur part de mystère et nous servent une fois de plus une œuvre accomplie et dense. Pas sûr que ces derniers titres s’accommodent bien à une tournée des stades mais l’essentiel n’est pas là. La sensibilité est de retour en 2022 et c’est bien Alt-j qui règne en ce domaine.
Alt-J – The Dream 
Infectious Music
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